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L’ETI familiale Léon Grosse n’est pas rassasiée

Habitué de longue date à réaliser des opérations de croissance externe, le groupe diversifié du BTP Léon Grosse a sensiblement accéléré sur ce front depuis la mise en place d’une nouvelle gouvernance, en 2019. Une stratégie qui a largement permis à cette entreprise familiale d’origine savoyarde, créée en 1881, d’enrichir son offre avec la montée en puissance de deux nouveaux pôles d’activité.

Curieux hasard du calendrier ? Le 14 septembre dernier, soit deux jours avant le lancement des 40es Journées européennes du patrimoine, le groupe diversifié du BTP Léon Grosse a annoncé le rachat de HMR, l’un des acteurs français de référence du secteur de la restauration de monuments historiques, notamment. Rayonnant sur le grand quart sud-est de la France, cette PME de 30 salariés est spécialisée dans la taille et la restauration de pierres. Dans un contexte marqué par un fort ralentissement du marché des fusions-acquisitions en France sur les neuf premiers mois de 2023 (volumes en recul de 27 % sur un an, selon Refinitiv), Léon Grosse aura su se distinguer. Avant HMR, il avait en effet pris une participation majoritaire en juin dans Voé, opérateur énergétique et producteur de chaleur renouvelable biomasse, mis la main sur les activités en France du façadier Rinaldi Structal en mai, acquis la société Willemen Construction au Luxembourg en avril et investi au capital, un mois plus tôt, de Techniwood International, un industriel hexagonal producteur de panneaux de façades biosourcés. « Sur l’ensemble de l’exercice 2023, nos acquisitions devraient générer 80 à 100 M€ de chiffre d’affaires supplémentaires », calcule Olivier Delamarre, son directeur stratégie, développement, marketing & RSE.

Nouvelle équipe dirigeante, nouveau plan stratégique

Créé en 1881 par Léon Grosse et toujours détenu par la famille Grosse (85 % du capital), le groupe d’origine savoyarde, qui a réalisé 800 M€ de chiffre d’affaires en 2022 et compte quelque 2 500 collaborateurs, n’en était pas à ses coups d’essai en matière de croissance externe. « Dans son histoire, Léon Grosse a réalisé, très tôt et de façon régulière, des acquisitions, pour l’essentiel dans le secteur de la construction », rappelle Olivier Delamarre. Mais à la suite de la mise en place d’une nouvelle gouvernance en 2019, qui aura vu les membres de la famille Grosse confier la gestion opérationnelle du groupe à une direction venue de l’externe, un coup d’accélérateur a été donné à cette stratégie. « En 2020, un nouveau plan stratégique a été élaboré, reposant sur une logique de diversification de nos activités, poursuit Olivier Delamarre. Aux côtés de la construction, deux pôles ont ainsi vu le jour, l’un consacré aux solutions pour accélérer les transitions écologiques et sociétales, l’autre consacré à l’immobilier. En particulier pour le pôle Solutions, le M&A s’est d’emblée imposé comme un moyen efficace pour nous développer rapidement. » C’est dans ce cadre que Kyotec, spécialiste luxembourgeois de la conception de façades architecturales complexes, était passé fin 2020 dans le giron de l’ETI familiale. Actuellement, ces nouveaux pôles pèsent 13 % pour les Solutions – une part qui a vocation à augmenter au fil du temps – et 5 % pour l’Immobilier.

Une petite équipe interne dédiée au M&A

Pour mener à bien ses rachats d’entreprise, le groupe s’appuie sur ses propres équipes internes, au sein desquelles officient deux collaborateurs en charge de l’identification des cibles et de la préparation de l’opération. « Ils bénéficient également du soutien d’une personne de notre direction juridique », précise Olivier Delamarre. À ce stade, Léon Grosse n’a pas jugé bon de se faire accompagner par une banque d’affaires ou par un conseil pour ses transactions, qu’il a du reste financées jusqu’alors sur ses fonds propres. Il faut dire que, fin 2022, sa trésorerie avoisinait 350 M€, pour une dette quasiment nulle. Outre la recherche de création de valeur dans chacune de ses opérations de croissance externe, la société met en avant la volonté d’accompagnement managérial. « Lorsque nous bouclons une acquisition, l’un de nos critères consiste à ce que le management en place s’inscrive avec nous dans la durée, insiste Olivier Delamarre. C’est pourquoi les entités rachetées doivent continuer de vivre leur vie comme si de rien n’était, et ne sont donc jamais fusionnées. » Corollaire de cet objectif d’incentiver les équipes en poste, Léon Grosse est coutumier, lorsqu’il n’acquiert pas la totalité du capital d’une entreprise, d’inclure des options pour racheter à terme le reliquat. Lorsqu’il en prend à l’inverse le contrôle total, il intègre généralement des clauses de complément de prix, dites earn-out, grâce auxquelles le vendeur peut bénéficier d’une enveloppe additionnelle en cas d’atteinte d’objectifs prédéterminés.

Des sollicitations régulières

Envisageant de finir l’exercice en cours avec un chiffre d’affaires en croissance, à environ 850 M€, l’ETI savoyarde se montre très confiante dans ses perspectives, stimulées notamment par la forte demande de ses clients dans les domaines des énergies renouvelables et des systèmes technologiques à forte valeur ajoutée et d’ingénierie de pointe au sein des bâtiments (chauffage…). Dans ce contexte globalement porteur, le développement du groupe familial devrait continuer d’être soutenu, en 2024, par un mix de croissance organique et de croissance externe. Sur ce second volet, les pistes ne manquent pas. « Nous sommes fréquemment approchés, soit directement par des entreprises de notre environnement, soit indirectement via des apporteurs d’affaires », relate Olivier Delamarre, qui dispose par ailleurs d’une liste de candidats repérés par la cellule interne. Conformément à sa raison d’être, qui l’invite à « Agir dès aujourd’hui, en changeant le présent », Léon Grosse n’entend pas, à bientôt 143 ans, se reposer sur ses lauriers.

 

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