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KS Groupe se bâtit une gouvernance plus durable

Opérant dans les métiers du bâtiment, l’ETI familiale KS Groupe a amorcé une profonde évolution de sa gouvernance depuis sa transmission à la troisième génération. Déjà marquée par l’adoption de la qualité de société à mission et la création d’un fonds de dotation, cette mutation n’en est qu’à ses débuts.

« La première génération construit, la deuxième génération consolide et la troisième génération dilapide ». A la tête de KS Groupe depuis 2018, Edouard et Jérôme Sauer entendent bien faire mentir ce célèbre proverbe qui colle aux entreprises familiales. Depuis qu’ils ont pris la relève de leur père Richard, qui avait lui-même succédé en 1971 à son père de fondateur Paul, les deux frères ont ainsi engagé, parallèlement au développement de l’activité commerciale, une transformation en profondeur de la gouvernance de cette ETI indépendante, spécialisée dans les métiers du bâtiment. « Opérant dans toute la France, nous sommes à la fois promoteur, constructeur et foncière », expose Edouard Sauer. Basée à Strasbourg, la société compte aujourd’hui onze filiales (KS promotion, KS construction, Arefim, Polytherm, E3C, KS aménagement, Creatio, KS énergie, KS solutions, Altherm et CICAL synergies), emploie 340 collaborateurs et dégage un chiffre d’affaires annuel d’environ 200 M€.

Des attributions d’actions gratuites

Se partageant également le capital à l’issue d’une transmission réalisée sur le long terme, les deux dirigeants ont d’abord décidé, il y a trois ans, d’ouvrir le capital de KS Groupe à une quinzaine de cadres-dirigeants à travers l’attribution d’actions gratuites (AGA). Prévoyant de renouveler l’exercice tous les trois ans, le groupe vient à ce titre de procéder à une deuxième salve de distribution. « Alors que l’entreprise grandit beaucoup, notre objectif est que, d’ici dix ans, ces AGA représentent 15 % du capital du groupe », prévient Edouard Sauer. Cette stratégie s’est aussi accompagnée d’une volonté de formaliser la politique RSE du groupe familial. « Empreinte des valeurs propres au capitalisme rhénan, la société a notamment développé depuis sa création, en 1958, une fibre sociale très marquée, sans pour autant que cela s’inscrive dans une démarche structurée, rappelle son directeur général. 

A nos yeux, il était donc important, pour continuer d’aller de l’avant dans ce domaine, d’installer des marqueurs et de mettre en place des indicateurs dédiés ». Un chantier d’autant plus impérieux que la dimension environnementale se trouve également au cœur des préoccupations actuelles de KS Groupe, à l’aune des impacts de ses différents métiers sur le climat (empreinte carbone), l’aménagement des sols et la biodiversité.

Une expérimentation
au niveau d’une filiale

C’est dans ce contexte que le tandem découvre, à l’occasion du vote de la loi Pacte en 2019, l’« entreprise à mission ». Cette qualité vise à permettre aux intéressés d’inscrire une raison d’être dans leurs statuts, avant de la décliner en une série d’objectifs sociaux et environnementaux. Avant de réaliser ce virage à l’échelle du groupe, KS Groupe l’a amorcé au niveau d’une de ses filiales, la foncière Arefim. Spécialisée dans le développement de campus d’activités, celle-ci s’est dotée d’une mission début 2023 et s’est fixée, à ce titre, une palette d’objectifs RSE dans les domaines de la co-construction, de la préservation de l’environnement, du respect de la biodiversité ainsi que du bien-être au travail. Convaincus de la pertinence de la démarche, « qui aide à passer de l’idée à l’action », Edouard et Jérôme Sauer n’ont dès lors pas tardé à l’appliquer à la maison mère. Accompagnés par deux cabinets de conseil dans un souci « de gagner en ambition sur les indicateurs retenus », ils ont finalisé le processus en décembre 2023.

Ayant dorénavant pour leitmotiv de contribuer à « la construction d’une société plus durable, en plaçant les enjeux sociaux et environnementaux au cœur de nos projets », KS Groupe a arrêté dans ce cadre plusieurs priorités, dont celles de « s’engager pour le bien-être et le développement des collaborateurs » (formations, accompagnement de carrière, actions contre de la pénibilité, inclusion des plus fragiles…), de décarboner ses activités tout en promouvant l’économie circulaire (développement d’une filiale dédiée à la construction en bois, investissement dans les start-up innovantes, réemploi de matières…), ou encore d’« œuvrer pour faire vivre la solidarité au sein des territoires » (mise en place de partenariats avec des acteurs associatifs ou privés œuvrant dans l’intérêt du bien commun, recrutement facilité de personnes en situation de handicap…).

15 à 20 % des bénéfices redistribués

Autant d’axes de développement sur lesquels les deux frères avaient, du reste, largement pris les devants. S’agissant de cette dernière priorité, ils ont par exemple donné naissance courant 2021 à un fonds de dotation, sobrement baptisé Fonds de Dotation KS Groupe. Sa vocation consiste à redistribuer une partie de la valeur économique générée par les activités de l’ETI à des associations d’intérêt général œuvrant soit dans le domaine de l’inclusion, soit dans la protection de l’environnement. « Nous reversons ainsi tous les ans 15 à 20 % du résultat net consolidé », informe Edouard Sauer. Au terme de son premier appel à projets mené en 2023, ce dispositif a soutenu onze projets, parmi lesquels La Cordée (premier habitat inclusif en Alsace pour les personnes porteuses de troubles du spectre de l’autisme), CS Wolxheim (projet d’intégration d’enfants de 5 à 12 ans porteurs de handicap dans une équipe de football), Jardins de la montagne verte (projet d’inclusion socio-professionnel de femmes éloignées de l’emploi), ETRE (formation de jeunes entre 16 et 25 ans en décrochage ou en situation de handicap aux métiers de la transition écologique) ou encore ARSEA (projet de développement d’une nouvelle activité autour du réemploi du carton). Au-delà de l’aide financière apportée à ces causes d’intérêt général, le Fonds de Dotation KS Groupe, qui est présidé par Jérôme Sauer, représente également un moyen de fédérer les collaborateurs de l’entreprise autour de ses engagements ESG. « Un comité de salariés volontaires examine et valide les projets qui nous sont présentés », souligne en effet Edouard Sauer.

Une fondation
actionnaire en réflexion

Alors que la société publiera son premier rapport de mission début 2025, elle compte poursuivre ses innovations en vue de rendre sa gouvernance toujours plus durable. Membre de la communauté De Facto, qui est le premier réseau de fondations actionnaires en France, elle examine ainsi de près la possibilité de mettre en place une telle structure, au même titre que d’autres initiatives. « L’une de nos ambitions consisterait à déployer le mécénat de compétences, afin que nos collaborateurs puissent consacrer une partie de leur temps de travail à des causes d’utilité publique », illustre Edouard Sauer.

 

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