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AVEC SON FONDS DE DOTATION ACTIONNAIRE, COMPAGNIE LÉA NATURE VOIT LA VIE EN BIO

Désireux de protéger l’indépendance, l’ancrage territorial et les valeurs de Compagnie Léa Nature, son fondateur Charles Kloboukoff a commencé à transférer ses titres à un fonds de dotation actionnaire. Alors que ce type de structures est peu répandu en France, celle du géant du bio a vocation à jouer, au fil des années, un rôle de plus en plus prépondérant dans la gouvernance du groupe.

DANS L’UNIVERS DU BIO, la famille Kloboukoff fait incontestablement figure de pionnier. En 1993, à une période où la thématique du mieux manger était peu mise en avant, Charles fondait Léa Nature, une entreprise spécialisée dans la fabrication de produits bio et naturels. Sept ans plus tard, celle-ci devenait l’une des toutes premières PME de taille significative – la catégorie des « ETI » n’existait pas encore – à se doter d’un comité d’éthique. Puis, saisissant l’opportunité offerte par la loi Pacte, Léa Nature continuait d’innover en adoptant, dès 2019, le statut d’entreprise à mission. Un acte là encore précurseur dans cette industrie.

Une holding intermédiaire

Désireux d’aller encore plus loin dans leur engagement RSE, Charles, son épouse et ses enfants ont franchi un nouveau cap, en 2021, avec une démarche peu répandue en France : la création d’un fonds de dotation actionnaire. « Souhaitant que ma r.ussite d’entrepreneur profite durablement . actionnaires, les fonds de dotation sont des organismes reconnus d’intérêt général, dont les dividendes qu’ils perçoivent sont reversés à des causes philanthropiques. Pour son projet initié courant 2020, après sept années de gestation, la famille s’est fait conseiller par le cabinet Prophil et les membres de la communauté qu’il anime, De Facto, qui regroupe des fondations actionnariales. Loin de se limiter à Léa Nature, l’empire Kloboukoff compte aujourd’hui une quarantaine de marques, répartis dans quatre grands pôles d’activité (Léa Naturenvie, Léa Cosmétique, Léa Ekibio et Léa Traiteur). L’ensemble de ces entités sont logées au sein de la holding Compagnie Léa Nature (501 M€ de chiffre d’affaires en 2021). C’est le contrôle de cette dernière que Charles Kloboukoff a voulu confier au « Fonds de soutien aux Initiatives Citoyennes Utopiques et Solidaires ». Alors que la transmission des causes citoyennes et environnementales, je n’ai jamais entrepris de vendre un jour mon entreprise . un groupe plus puissant, explique Charles Kloboukoff. Afin de s.curiser l’esprit initial de la mission de l’entreprise, son ancrage territorial et sa p.rennit., le choix de confier le contr.le majoritaire . une organisation philanthropique s’.tait impos. comme une .vidence pour la famille. » Appartenant à la catégorie des fondations des parts du dirigeant à F.I.C.U.S. Fondaction se fera progressivement, la structure détient à ce jour 6,3 % des actions de Compagnie Léa Nature. Une détention indirecte dans la mesure où la loi française empêche les organismes d’intérêt général d’intervenir directement dans la gestion des entreprises. C’est pourquoi le fonds de dotation actionnaire déléguera à terme la supervision de la gestion de Compagnie Léa Nature à la holding familiale CK Invest (qui détient 63 % de Compagnie Léa Nature), dont il possède actuellement 10,62 % du capital.

Deux organes de gouvernance

Comme le concède Emma Kloboukoff, la déléguée générale de F.I.C.U.S. Fondaction, « il est aujourd’hui difficile d’anticiper l’apr.s Charles Kloboukoff et de savoir comment le fonds interviendra, concr.tement, dans la gouvernance de Compagnie L.a Nature. Nous allons apprendre en marchant. » Ce faisant, les règles de fonctionnement de F.I.C.U.S. sont appelées à évoluer au fil du temps. « Par exemple, une charte d’engagement d.terminera prochainement les principes de gestion .thique que le fonds de dotation devra faire respecter », illustre Emma Kloboukoff. S’agissant de sa propre gouvernance, « que nous avons voulue participative », elle continuera en revanche d’être assurée par deux instances. D’une part, les fonctions administratives incombent à un conseil d’administration, dont l’existence est obligatoire pour les fonds de dotation. Celui de F.I.C.U.S. compte cinq membres, dont une salariée de Léa Nature. D’autre part, les axes de soutien de F.I.C.U.S, ses méthodes de don, sa politique philanthropique et sa mise en oeuvre sont définis par un comité philanthropique. Cet organe est composé de 15 membres, tous salariés du groupe. Se réunissant une fois par mois, ils y siègent comme bénévoles au sein de trois groupes différents (santé, action sociale, modèles économiques alternatifs). « Afin d’impliquer un maximum de collaborateurs, la gouvernance est tournante », précise Emma Kloboukoff. À ce titre, ce comité sera renouvelé par tiers chaque année. En amont de sa mise en place, une soixantaine de collaborateurs avaient répondu à l’appel à sollicitations.

Des droits préférentiels

Pour financer les causes philanthropiques de son choix – celles-ci émanent d’appels à projets et doivent avoir été validées par le conseil d’administration –, ce comité dispose d’un budget dédié, abondé par les dividendes remontés par Compagnie Léa Nature. « F.I.C.U.S. b.n.ficie de droits pr.f.rentiels dans ce domaine puisque les 500 000 premiers euros de dividendes vers.s lui reviennent automatiquement », indique la déléguée générale. Un seuil qui a vocation à être relevé. Alors que l’appel à projet 2022 lancé sur le thème de « la santé pour les plus démuni(e)s » s’est déjà traduit par le versement de deux enveloppes de 35 000 € chacune au profit de Emmaüs et de SOS Méditerranée, le fonds de dotation entend soutenir une dizaine d’associations supplémentaires dans les mois qui viennent. « Nous avons re.u plus de 130 candidatures », se réjouit Emma Kloboukoff. Voilà qui augure un avenir florissant pour F.I.C.U.S. Fondaction.

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