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BONDUELLE CULTIVE SA FIBRE RSE

S’étant récemment doté d’une raison d’être, Bonduelle a défini une feuille de route ESG ambitieuse, devant lui permettre d’obtenir une certification B Corp d’ici 2025. Portée par l’actionnariat de contrôle et les différents métiers du groupe familial, cette démarche a conduit ce dernier à faire évoluer sa gouvernance.

ENTRE L’INVASION DE L’UKRAINE PAR LA RUSSIE, où le groupe est présent depuis un quart de siècle et possède trois usines, et l’inflation des prix de nombreuses matières premières agricoles, Bonduelle a vécu un premier semestre 2022 difficile. Pas de quoi, cependant, faire dévier le spécialiste du légume de sa feuille de route stratégique, matérialisée par sa raison d’être : « Favoriser la transition vers l’alimentation végétale pour contribuer au bien-être de l’Homme et à la préservation de la planète ».



Un intérêt également économique

En inscrivant cette ambition dans ses statuts, en février 2021, le groupe familial fondé en 1853 (2,8 Mds€ de chiffre d’affaires) n’a fait que formaliser, en réalité, un engagement qu’il poursuit depuis le milieu des années 1990. « À l’époque, nous ne parlions pas de RSE, mais de développement durable », rappelle Guillaume Debrosse, son directeur général. Élaboration d’une charte agronomique définissant les bonnes pratiques vis-à-vis des partenaires producteurs, structuration d’une politique RSE, création de la Fondation Louis Bonduelle dont la mission consiste à faire évoluer durablement les comportements alimentaires, lancement d’un projet d’entreprise visant à faire de Bonduelle « le référent mondial qui assure le bien-vivre par l’alimentation végétale », etc. Autant d’initiatives guidées par la fibre durable de la famille Bonduelle, mais aussi par… l’intérêt économique. « Le nombre de consommateurs flexitariens ne cesse d’augmenter, remarque Guillaume Debrosse. Alors qu’un tiers environ des habitants de la planète se nourrissent essentiellement de légumes, et ponctuellement de viande, cette part devrait grimper à 50 % d’ici 2030, avant d’avoisiner 75 % en 2050 ». Afin d’en récolter pleinement les fruits, l’entreprise nordiste a déployé, dès 2019, une nouvelle stratégie ESG baptisée « The B! Pact ». « Celle-ci repose sur trois piliers, à savoir l’alimentation, les Hommes et la planète, auxquels nous relions à chacun un à deux objectifs de développement durables (ODD) tels que définis par les Nations Unies », explique Guillaume Debrosse. Dans ce cadre, Bonduelle s’est fixé une série d’objectifs chiffrés, parmi lesquels une réduction de 20 % de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre en 2035, la conception d’emballages 100 % recyclables ou réutilisables, l’implication de l’intégralité des sites du groupe dans des projets locaux à horizon 2025, ou encore l’absence d’accidents du travail à compter de cette date. « Plus qu’une approche RSE, The B! Pact constitue une démarche d’impact positif, à travers laquelle nous aspirons à obtenir la certification B Corp d’ici 2025 », signale le dirigeant. Octroyé aux entreprises les plus engagées en matière de transparence, de responsabilité, de performances environnementales et sociales, ce label a été décerné, à ce stade, à plus de 4 000 entreprises dans le monde, dont plus de 170 en France.

Une gouvernance simplifiée

Afin d’orchestrer cette stratégie qui n’est pas sans bouleverser les pratiques de ses divers directions et métiers, le groupe agroalimentaire s’est notamment doté d’un comité de pilotage B Corp., animé par la directrice RSE et communication corporate et dans lequel siègent plusieurs membres du comex, dont Guillaume Debrosse. Dans le but « d’apporter une plus grande proximité avec et entre les business units », la gouvernance a également été modifiée. Depuis juillet 2021, deux organes existants, le chief executive board (CEB) et le group management committee (GMC), ont ainsi été fusionnés dans un unique organe exécutif dénommé comex. Au sein de ce dernier, trois « sponsors » ont par ailleurs été désignés pour suivre l’évolution de la transformation en entreprise à impact sur les trois piliers de The B! Pact. Certes, la société manque encore de recul pour jauger l’efficacité de cette nouvelle organisation et de cette stratégie. Mais les bénéfices se feraient déjà ressentir sur plusieurs plans, notamment RH. « Être une entreprise à impact représente un formidable atout pour attirer des talents, mais aussi les conserver en les faisant évoluer », assure Guillaume Debrosse. En ce qui concerne les principaux managers, l’incitation est également financière puisque 20 % de leur bonus (rémunération de long terme) sont indexés sur des objectifs RSE, « les mêmes que ceux analysés dans le cadre de la certification B Corp. », ajoute Guillaume Debrosse. S’il laisse à chaque business unit toute latitude pour ajouter des critères de cette nature sur le court terme, le comex considère toutefois que seule une vision sur le long terme peut permettre de mesurer des objectifs comme l’impact sur l’environnement et le bien-être des humains. En cela, le caractère familial de Bonduelle, préservé depuis sept générations, constitue l’une des clés de succès. « L’alignement entre les objectifs de la société et ceux des actionnaires de contrôle (pérennité, indépendance, responsabilité) est en effet total », se réjouit Guillaume Debrosse, tandis que le statut de société en commandite par actions offre à la famille Bonduelle (Pierre et Benoît Bonduelle SAS), en tant qu’associée commanditée, les quasi pleins pouvoirs pour perpétuer son engagement ESG.



Le statut d’entreprise à mission dans le viseur

Cela n’empêche toutefois pas les instances dirigeantes et de gouvernance de la société, cotée depuis 1999, de rendre des comptes dans ce domaine aux autres actionnaires, dits « associés commanditaires », à l’occasion de roadshows et des assemblées générales. « Nous sommes désormais davantage interrogés sur les thématiques RSE que sur celles en lien avec la finance et le business », confie Guillaume Debrosse. Des questions qui, en plus de représenter désormais plus de la moitié de celles posées lors des AG, gagnent en complexité. « Certains de nos actionnaires nous demandent par exemple quelle part précise de nos investissements et cash flows nous comptons allouer pour tenir les objectifs de notre stratégie ESG (décarbonation…), pour quel montant et sur combien de temps », illustre Grégory Sanson, directeur finance, transformation digitale et développement géographique. Alors que la pression des gérants, des institutionnels et des petits porteurs – Bonduelle compte dans son actionnariat plus de 10 000 investisseurs particuliers – ne devrait aller qu’en s’accroissant en matière d’ESG, la société agroalimentaire entend bien continuer de solliciter leur avis sur des problématiques majeures. Outre des réflexions en germe visant à proposer prochainement un vote d’approbation ou de rejet sur sa politique climatique (say on climate, voir p. 10), elle envisage sérieusement, une fois la certification B Corp obtenue, d’adopter le statut d’entreprise à mission.

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