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Faire du capital-investissement l’une des chevilles ouvrières de la relance

{{IMG:1}} France Invest est le nouveau nom de l’Afic, l’association professionnelle du capital-investissement, créée en 1984. Organisme professionnel indépendant, elle regroupe près de 500 membres dont 300 fonds d’investissement (investisseurs en capital et en dette) et représente un poids économique croissant : ses membres accompagnent près de 7 200 start-up, PME et ETI qui pèsent plus de 210 Mds € de chiffre d’affaires cumulé.Diriger des fonds vers les entreprises pour leur permettre de surmonter la crise actuelle, tel est l’un des enjeux que l’économie française doit relever. Un objectif auquel souscrit pleinement l’association France Invest dont le président, Dominique Gaillard, décrypte les axes définis pour répondre à ce besoin prégnant. Il faudra encore attendre un peu avant de connaître les statistiques officielles du capital-investissement français pour l’année 2020. Mais Dominique Gaillard, le président de France Invest, affiche une certaine confiance quant aux montants distillés l’an passé dans l’Hexagone par les membres de son association. « Nous avions clôturé l’année 2019 sur un bilan de 19,3 Mds€ investis dans plus de 2 300 entreprises, rappelle-t-il. Et pour l’année qui vient de s’écouler, ce chiffre ne devrait pas accuser une forte baisse, d’autant que le premier semestre s’était achevé sur un total de 7,7 Mds€ placés — en très léger repli par comparaison avec 2019, crédité de 7,8 Mds. » Au-delà du chiffre global, il conviendra bien sûr d’observer dans quelle mesure les fonds de capital-investissement  auront fait la part belle au « cash-in », à savoir les nouveaux investissements — vs les participations rachetées par des sociétés de gestion. Mais là encore, le professionnel témoigne de sa confiance en soulignant que ceux-ci s’affichaient en grande proportion, au cours des six premiers mois de 2020. Réponse courant mars.

6 milliards d’obligations. Ainsi donc, le capital-investissement tricolore aurait gardé le cap dans cette année 2020 pour le moins tumultueuse. Désormais bien installé dans le paysage, il aurait continué sa mission de pourvoyeur de capitaux vers les entreprises. Mais à l’heure d’aborder le deuxième millésime sous l’influence du Covid-19, sera-t-il toujours en phase avec les besoins exprimés par celles-ci ? C’est justement pour répondre positivement à cette question que France Invest a inscrit dans sa feuille de route plusieurs chantiers importants.

« Le renforcement des fonds propres et quasi-fonds propres des entreprises constitue l’un des enjeux majeurs de la reprise économique, à l’issue de cette période où leur endettement s’est considérablement accru, rappelle Dominique Gaillard. Outre l’assainissement de leur bilan, celui-ci doit permettre aux entreprises de participer à la consolidation qui devrait se produire à court terme, tant en France qu’à l’étranger. En tant qu’actionnaires, nous avons un rôle majeur à jouer aux côtés des sociétés de nos portefeuilles, de manière à les aider à se renforcer et à conforter leurs positions dans cette phase de rebond. »

Sur cette toile de fond, ce ne sont pas moins de 20 Mds€ qui pourraient être fléchés vers les entreprises, via un double mécanisme en cours de finalisation sous l’égide de Bercy après avoir été annoncé par Bruno Le Maire, en octobre dernier. Avec un système de prêts participatifs, structurés avec un coupon remboursable entre la cinquième et la huitième année, 14 Mds pourraient ainsi être distribués par les banques, tandis qu’un système d’obligations (remboursables in fine au bout de 8 ans)souscrites par les capital-investisseurs, soutenu par France Invest, devrait permettre de réunir 6 Mds auprès des assureurs. Le tout avec une garantie d’État à hauteur de 30 %. « Voilà qui devrait permettre de soutenir au total entre 15 000 et 20 000 PME et ETI, de sorte à financer leur capex après avoir connu une période où elles ont été contraintes de se placer en "mode survie" », pointe Dominique Gaillard.

Plus que de l’argent. A priori, ce double mécanisme devrait être opérationnel à partir d’avril-mai. Sans qu’il y ait un caractère d’urgence, puisque de plus en plus de Prêts Garantis par l’État (PGE) font actuellement l’objet d’une année de franchise supplémentaire pour leur remboursement – retardant ou amoindrissant le besoin immédiat en quasi-fonds propres des entreprises concernées. « Cette enveloppe globale de 20 milliards n’a pas vocation à rembourser les dettes historiques des sociétés, poursuit l’investisseur. Comme il est difficile d’évaluer l’évolution récente de leur endettement net, peut-être que nous n’aurons pas besoin de mobiliser l’intégralité de cette somme. Néanmoins, l’essentiel consiste à nous tenir prêts pour permettre aux entreprises de se positionner au moment de la relance économique. »

Surtout, le mécanimse promu par France Invest pourrait avoir des conséquences à plus long terme. En particulier, il serait l’occasion de nouer un premier contact entre les sociétés de gestion et une population de propriétaires et dirigeants plutôt réfractaires à l’idée d’ouvrir leur capital à des actionnaires financiers, d’ordinaire. « Ici, la question ne se pose pas dans ces termes puisque les obligations remboursables in fine sont par nature des instruments non dilutifs, relève Dominique Gaillard. À charge pour nous de démontrer, pendant leur durée de vie, que nous pouvons apporter aux sociétés bien plus que de l’argent et que nous pouvons être des partenaires actifs et accompagner leur croissance. »

130 fonds labellisés « Relance ». L’enjeu est de taille. À l’aube d’une période charnière pour l’économie, les professionnels du capital-investissement doivent redoubler d’efforts pour s’inscrire dans cette perspective de sortie de crise. Ils l’ont aussi démontré en donnant un écho favorable au label « Relance » proposé par l’État, depuis l’automne dernier. « Plus de 130 fonds se sont fait labelliser, se félicite Dominique Gaillard. C’est un formidable moyen de rassurer les investisseurs, en particulier personnes physiques, sur notre capacité à flécher l’épargne vers l’économie réelle et productive. » Outre cet argument marketing indéniable, le label présente l’avantage de proposer aux sociétés de gestion une garantie assurantielle auprès de Bpifrance – un contrat qui prévoit de couvrir jusqu’à 30 % des pertes sur le portefeuille, mais aussi de céder jusqu’à 10 % de la plus-value de cession. Une remise au goût du jour de ce qu’a pu être la garantie Sofaris dans la tech, il y a une quinzaine d’années, mais qui a surtout pour but de valoriser aux yeux du public le rôle des fonds, du fait des contraintes liées à ce label — en particulier en matière d’ESG.

Un tel tour d’horizon des dispositifs destinés à soutenir la relance ne saurait être complet s’il n’incluait pas également les entreprises en grande difficulté. Un segment pour lequel les discussions avancent. « Nous avons reçu un bon écho des acteurs publics et privés que nous avons sollicités pour dynamiser ce segment d’activité du capital-retournement où des équipes françaises ont toute leur place, relate Dominique Gaillard. D’ici à dix-huit mois, nous avons bon espoir de déployer une enveloppe de 200 M€ à répartir entre quatre ou cinq équipes françaises au positionnement a priori généraliste. » Un horizon en ligne avec les besoins du marché puisque la vague de défaillances d’entreprises attendue semble ne pas être pour tout de suite, à la lumière des mesures de soutien que l’État a pu déployer au cours de ces derniers mois. « Contrairement à 2008, nous subissons une crise plus longue, mais aussi plus sectorisée. C’est pourquoi il faudra pouvoir compter, le moment venu, sur des actionnaires industriels ou financiers pour accompagner des entreprises sur la voie du retournement », commente le professionnel. Rendez-vous dans un an pour la concrétisation de ces projets, derniers maillons du dispositif de France Invest pour accompagner la relance économique.

Par Charles Ansabère

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