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Quand les fonds d’investissement favorisent la relance de l’économie

En dépit des craintes liées à la conjoncture économique, le private equity tricolore présente un bilan d’activité satisfaisant pour le premier semestre 2020. Il devrait continuer sur sa lancée d’ici à la fin de l’année, tout en planifiant de nouvelles actions pour le millésime suivant, sous le signe de la relance. Revue de détail avec le président de France Invest, Dominique Gaillard.
France Invest est le nouveau nom de l’Afic, l’association professionnelle du capital-investissement, créée en 1984. Organisme professionnel indépendant, elle regroupe près de 500 membres dont 300 fonds d’investissement (investisseurs en capital et en dette) et représente un poids économique croissant : ses membres accompagnent près de 7 200 start-up, PME et ETI qui pèsent plus de 210 Mds € de chiffre d’affaires cumulé.Chacun sait à quel point le début d’année 2020 a été perturbé. Quel bilan peut-on dresser pour ce qui concerne l’activité des fonds de capital-investissement ? Les statistiques relatives au 1er semestre sont plutôt une agréable surprise, car elles démontrent que la profession a tenu le rythme en dépit de la pandémie et des deux mois de confinement total qui ont stoppé net l’économie. Sur la période, 7,7 milliards d’euros ont été investis dans 1 050 entreprises – start-up, PME et ETI –, soit à peine un petit peu moins qu’un an auparavant. Dans le même temps, 7,4 milliards ont été levés auprès des souscripteurs, en repli seulement de 7 % par rapport à la première moitié de 2019. Au-delà du fait qu’elles confirment le dynamisme de notre profession, ces données démontrent à quel point nous avons fait preuve d’une grande agilité pour maintenir le cap et continuer d’intervenir en soutien de l’économie française. En effet, nous avons répondu aux besoins en capital des sociétés, en concrétisant plus d’injections de fonds que d’opérations de cash-out. Quelles sont les premières tendances pour le second semestre ? Il n’est pas certain qu’il se traduise par un repli, contrairement à ce que l’on pourrait croire. D’une part, la belle série de tours de table annoncés depuis juillet dans le segment du growth equity prolonge la dynamique du début d’année : Dataiku, doté de 100 millions de dollars, Mirakl, crédité de 300 millions, ou encore Ynsect, pourvu de 372 millions, sont autant d’indices d’une année riche en financements accordés. D’autre part, comme les portefeuilles des fonds recèlent des sociétés qui subissent un ralentissement d’activité et qui ne pourront donc pas être cédées à court terme, les fonds anticipent la mise en vente de celles qui, au contraire, sont ‘Covid-proof’. Beaucoup de processus de cession dans la santé, la cybersécurité, la distribution agroalimentaire, etc., sont autant d’opportunités de placement pour les fonds positionnés à l’achat, prêts à déployer les capitaux disponibles qui viendront, à coup sûr, gonfler les statistiques. Et ce d’autant que, contrairement à ce que nous avons connu lors de la crise de 2008-2009, les cessions ne se font pas ‘à la casse’, cette fois-ci. En dépit de cette dichotomie dans les portefeuilles, peut-on dire que le private equity fait preuve de résilience ? Pour savoir si notre classe d’actifs demeure attractive, il faut observer la façon dont se déroulent les levées de fonds lancées par les sociétés de gestion. Or, en l’espèce, le tableau est loin d’être noir. Pour les équipes déjà en place, qui disposent d’un track record et d’une base de souscripteurs établie, la période est plutôt encourageante. À l’heure où les investisseurs institutionnels (LPs) voient les autres classes d’actifs être davantage en prise directe avec les soubresauts de l’économie, celles-ci bénéficient de l’intérêt renouvelé des souscripteurs pour le private equity, en collectant souvent bien plus que pour leur précédent véhicule. Cela étant, pour être tout à fait complet quant au panorama actuel, il faut admettre que les LPs font néanmoins preuve d’une grande sélectivité : leur volonté de ne pas disperser leurs allocations autour d’un nombre élevé d’équipes se fait au détriment de celles qui cherchent à boucler leur première levée… Quelles sont vos premières impressions sur la façon dont se présente 2021 ? Nous sommes convaincus de pouvoir jouer un rôle dans le processus de relance de l’économie française. Nous sommes d’ailleurs parfaitement en ligne avec les déclarations du ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, concernant les besoins en fonds propres des entreprises. Nous partageons ce constat de Bruno Le Maire pour une raison simple : après avoir bénéficié de mesures comme le Prêt garanti aux entreprises (PGE), certaines devraient éprouver des difficultés à les rembourser à partir d’avril 2021 – si le dispositif du PGE n’est pas prolongé au-delà de cette date. C’est pourquoi nous avons régulièrement échangé avec le gouvernement pour faire en sorte de participer à l’effort de renforcement des fonds propres des entreprises françaises. Ce sera chose faite dans le cadre du fléchage d’une enveloppe provenant principalement des assureurs, mutuelles et bancassureurs, annoncée récemment par Bercy pour un montant devant atteindre 20 milliards d’euros. Dans une proportion qui reste à définir, une partie de celle-ci sera livrée aux entreprises sous forme d’obligations à bons de souscription d’actions (OBSA) – l’autre partie étant composée de prêts participatifs émanant des banques. Comment cette somme devrait-elle être investie ? Nous avons bon espoir de connaître précisément l’envergure de l’enveloppe débloquée d’ici à Noël. A la suite de quoi nous lancerons un appel à candidatures pour sélectionner les sociétés de gestion amenées à investir tant dans les PME en régions que dans les ETI d’envergure nationale. Nous devrions être totalement opérationnels dès le mois de mars prochain, avec l’objectif d’accompagner jusqu’à 2 500 entreprises sur 24 mois – dans l’hypothèse où 6 de ces 20 milliards d’euros seraient dédiés au capital-investissement, et sous réserve de validation du ticket moyen avec les autorités européennes de la concurrence. L’État semble donc reconnaître l’importance des fonds… Absolument. D’ailleurs, il l’a également fait au moment de la création du label « Relance », courant octobre. Celui-ci a pour but de distinguer les fonds – cotés ou non – qui s’engagent à mobiliser rapidement des ressources pour soutenir les entreprises françaises, tout en respectant des critères ESG. Et les fonds qui auront ce label pourront solliciter la garantie en capital de Bpifrance « France Investissement Garantie » : en cas de défaillance de participations, le fonds pourra être remboursé à hauteur de 30 % du portefeuille, sachant qu’il s’engage en contrepartie à rétrocéder 10 % de ses plus-values à l’institution publique. Nous sommes d’autant plus satisfaits d’un dispositif comme celui-ci qu’il doit permettre de flécher une partie de l’épargne des Français vers notre classe d’actifs. Est-ce que la France disposera alors d’un dispositif complet dans le non-coté ? Il faut absolument se réjouir de voir que le maximum est ainsi fait pour favoriser le financement de nos entreprises, et donc leur croissance. La dernière thématique qu’il nous faudra ensuite couvrir concerne le segment du capital-retournement, étant donné que notre pays dispose aujourd’hui de peu d’équipes nationales dédiées. Nous avons l’ambition, d’ici deux ans, de mobiliser des ressources publiques ou privées pour être ainsi spécifiquement aux côtés d’entreprises en difficulté ou en quête d’une amélioration opérationnelle. Le dispositif du private equity français sera alors complet. Cela étant, dans l’intervalle, nous devons absolument nous réjouir de constater que la profession a fait preuve d’une très grande réactivité pour accompagner ses participations depuis le début de l’année : en tirant les leçons de la crise de 2008-2009, elle a su se positionner aux côtés de leurs dirigeants pour partager les bonnes pratiques et échanger sans compter. Cela ne se traduit pas en termes financiers, à l’instant T, mais c’est aussi l’une de nos raisons d’être.

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